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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 11:17
Le gazon, un sacerdoce. Depuis cinquante ans, il raccommodait, arrosait, taillait, plantait, protégeait des mauvaises herbes toutes les pelouses du quartier. Uniquement pour rendre service : « L’argent n’avait rien à voir là-dedans ! » Autant dire qu’à force de volonté et de passion, il connaissait le moindre centimètre carré de verdure entre les rues B, J, O et H… Quadrilatère parfait de sa maîtrise. Fin d’été oblige, il avait abandonné sa tenue de ratier pour endosser celle de maraîcher : « Le potager de m’dame V ne pouvait attendre... » Un extra que lui pardonnerait de toute façon « l’bon Dieu ». Sur place, la tâche s’était avérée plus éprouvante que prévu. Le ras-le-bol peut-être. La tête lui tournait, se baisser était devenu douloureux, se relever encore plus... Pourtant, il fallait bêcher, couper, regarnir, nettoyer, protéger des mois à venir. Il leva la tête, regarda le ciel : rien, pas un nuage, pas un oiseau… Juste du bleu dans une vue rougie par l’effort. Une crampe dans le bras, une pointe dans le cœur, le corps tomba, la tête accompagna sa bêche, puis plus rien. Juste l’envie de sentir pour toujours l’herbe coupée.
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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 16:07
En un temps record, l’artiste descend de son perchoir métallique. Se faufile jusqu’à la porte, referme tout, histoire de se protéger d’éventuels curieux, et retourne aussi prestement à son ouvrage. Une fresque, SA fresque : l’humanité. Enfin presque ! Dur de dessiner un univers que l’on maîtrise si mal, dur de coucher en quelques coups de pinceau des hommes que l’on déteste tant. Et pourtant le mal est nécessaire. De toute façon, comme il aime se l’avouer, ce qui n’est pas simple le motive… Même si au final, la couleur lui manque. Avec habileté, il s’exécute, trace dans l’espace, signe pour l’infini. Son œuvre ne sert à rien, il le sait. Des mètres carrés perdus dans une pièce introuvable... Non pas qu’elle soit à l’autre bout du monde, au contraire !, être au cœur de Manhattan reste le meilleur des exils volontaires. Une pièce qui, par dogmatisme marchand, sera prochainement détruite pour laisser la place à une nouvelle construction. Et lui sera loin. Oublié parce qu’inconnu. Oublié parce qu’inutile. Comme nous tous d’ailleurs.
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3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 16:07
C'est bien connu, les préjugés ont la peau dure. Des semaines pour corriger la moindre erreur. Des années pour effacer une seconde d'inattention. Des siècles pour réconcilier les incompréhensions populaires. Que dire des idées toute faites ? Surtout celles qui collent au sexe. Oserais-je l'écrire en capitales ? SEXE. C'est fait ! Écrire sur le sexe, donc, ne revient pas à multiplier les propos de corps de garde ni les sorties brutales à la "vas-y bouffe ma queue !". D'où toute la difficulté d'écrire sur le sujet : pas simple de susciter l'envie, de créer la sensation sans tomber dans la si facile grossièreté. Résultat, l'exercice se fait rare. Ici comme partout ailleurs. Pourtant le SEXE est omniprésent, il règle nos relations à l'autre. De A à Z. Des enjeux de pouvoir au besoin de séduire, de l'intérêt de s'imposer dans les joutes sociales à la nécessaire touche "PAUSE". Il est là, palpable parfois, mais le plus souvent sournois, en embuscade. Prenons cet article de The Economist où il est prouvé que le pourboire des strip-teaseuses atteint 335 $ au moment de leur ovulation... Contre 185 en temps normal. Une question de sixième sens sans doute ou plus simplement de réflexe animal. Le sexe est là et il le restera. Tout ça pour dire que je n'arrive pas à aligner plus de deux phrases cohérentes sur le sujet... Par timidité, manque de confiance, pudeur, somme d'une éducation crypto-catholique.
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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 16:44
"Manque-moi moins... s'il te plaît !" La matinée était chargée, l'heure des cadeaux, des discussions à n'en plus finir, des rencontres fortuites et forcément dérangeantes, des chocolats chauds... Des tartines au chorizo. L'heure de penser à soi, rien qu'à soi. "La ville est une outre pleine de climax alléchants..." Donnant la réplique à Dominique A, Katerine s'amusait. Mezza voce. Autour, les gens passaient, affairés dans leurs univers. Un petit sec, un gazier sans doute. Une grande grosse, une commerçante sans doute. "C'est fou comme les préjugés ont la peau dure !" Des écharpes boulimiques. Des paires de bottes. Des nez. Des gouttes au nez. Les pas résonnaient dans mes tempes. Quelques bruits transpiraient. Insuffisamment pour me ramener complètement dans la réalité. Tout n'était qu'un film en 3.6. Des impressions de déjà-vu... Les gouttes au nez sans doute. Le rythme ralentissait, ça sentait la fin de soirée, la fatigue des musiciens, le dernier slow avant l'extinction des lumières. Poum poum-poum, poum poum-poum, poum poum-poum... A : "Ces jours chez toi en juillet, ton regard inquiétant au bord du lit penché sur moi, j'avais peur et pourtant..." K : "Pourtant Minique je n'aurais rien fait de déplacer... C'était le lit de ma fille !" A : "Ouais ! Faut pas pousser." Être au cœur du monde tout en étant seul, se sentir là sans pour autant exister réellement... Ne serait-ce que vingt secondes : c'est bon !
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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 21:48
9782070780938.gifQue d'interrogations autour de ce livre ! Muriel Barbery, l'auteur, m'a emmené aux quatre coins de moi-même. Entre l'envie de claquer le bouquin au pied du padoc et celle d'embrasser ses personnages de papier. La chronologie n'est pas mon fort, tout comme les critiques littéraires, pourtant ici, rien ne vaut un petit effort, rien ne vaut un petit rappel temporaire de mes émotions. Successives et excessives. Dépendantes des atermoiements des deux "héroïnes".

Dans un premier temps, Paloma, 12 ans, habitante du 7 rue de Grenelle - rien à voir avec l'environnement -, m'a séduit. Par sa brillante naïveté, son extrême lucidité et son désir de ne pas aller plus loin. M'a séduit autant que Renée, 54 ans, la concierge du 7 rue de Grenelle, atteinte de tropisme intellectuel, m'a navré, m'a noyé d'ennui. Hallucinant ! Et là, question (p. 98), que vais-je retirer de ces 220 pages d'inintérêt, de ces saynètes ratées ? "Tout ça pour ça, tout ça pour se regarder écrire, jouir d'un étalage pompeux de culture Laroussière et copier le parisianisme latent... Promouvoir ce diktat déjà trop largement imposé à nos consciences, à nos regards sur le monde et les rapports humains. Bref répandre ce déterminisme étouffant !" Alors tout y passe, du "Vendredi ou la vie sauvage" de service aux "IN" du moment : culture japonaise, Vermeer...

Puis, autour de ce verbiage, les révélations apparaîssent peu à peu, cueillettes de belles pensées, de beaux paysages, de belles vérités, sifflantes et grisantes. "À travers toutes ces pages de déperditions, il y a de l'émotion, des rires, de la simplicité, des gestes vrais, naturels, les miens, ceux des gens dans la rue, de l'incertitude..." Et c'est en le terminant que ce livre prend tout son temps. Limpide et tendre. Une gestation de 220 pages, faite d'impatience, de douleur et de plaisir : une véritable douche australienne, opposée de sa cousine écossaise. Oui il y a de la souffrance à le lire, comme il y a de la souffrance à vivre, à s'accepter, à laisser couler son trop plein d'amour. Alors oui, sans en dire plus, ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout.
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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 16:34

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Dernier album de Radiohead : In Rainbows. Une sortie un peu spéciale, j'hésite... Comme à chaque fois ! L'univers de Yorke est si troublant, si "à vif" pour moi. Et puis je craque. Les morceaux arrivent, je m'asseois face à la fenêtre, les notes s'installent, déstructurées (?), avant de prendre tout leur sens. Je reste là, la tête levée vers le ciel. Les yeux tournoyant dans ce beau ciel bleu. Le cou pressé par l'air. J'essaie de mettre des images sur ces titres, à me fondre entre deux accords, à repenser ma vie en heroic fantasy... Mais est-ce finalement bien nécessaire de commenter ? Autant laisser, comme je l'ai toujours fait, trois points de suspension... Histoire d'éviter de mettre un mot sur toutes mes pensées, toutes mes envies, tous mes regrets. Cette musique suffit à elle-même.
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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 15:35
Comment lancer une rubrique inutile ? Je planche là-dessus depuis quelques jours, plus ou moins enthousiaste, me résignant parfois à juger d’inutile l’ensemble de ce blog… Et puis finalement, cela pourrait bien revenir à parler de sujets qui m’intéressent, sans pour autant en être spécialiste. Ainsi se pointe le hiatus belge. En France, ça n’intéresse personne. Et pourtant ! L’avenir de la Belgique, en quête de gouvernement depuis 102 jours, pose problème. Non seulement aux Flamands et aux Wallons, de plus en plus divisés après trente ans d’un fédéralisme ringard, mais aussi aux Français. Pour nous, il préfigure peut-être le plus grand chamboulement territorial jamais connu depuis l’Empire. À nos portes, un royaume, trois communautés linguistiques, quatre possibilités. Soit la Belgique perdure dans la configuration actuelle jusqu’au prochain clash, c’est-à-dire les élections législatives de 2011… Histoire de mieux reculer pour moins bien sauter. Soit elle accepte cette rupture et s’achemine vers une solution confédérale, voire une partition claire et nette avec, pour la Wallonie, une éventuelle entrée dans la France. Le Brabant-Wallon, le Hainaut, Liège, le Luxembourg et Namur pourraient ainsi devenir les noms de cinq nouveaux départements français. De nouveaux 14, 34, 41, 49 et 58 sur nos plaques d’immatriculation. Tant pis pour les Nivernais. En tout et pour tout un territoire de 16.844 km2, 3,3 millions de francophones et à la clé une frontière commune avec les Pays-Bas. Pas mal non !
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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 11:31
Comme s'il fallait signer une trilogie, voici le dernier billet d'une introspection musicale lancée en juin, suite de J'y étais ! et de Vas-y, c'est de la bonne !.Vous remarquerez la richesse de la titraille. Richesse qui mériterait d'être ponctuée, pour cettte ultime bafouille, d'un "Où que j'vais"... Mais non, pudeur oblige, j'ai préféré un "Ça tire dans tous les coins !" plus passe-partout. Plus équivoque. New Order, Radiohead, Blur, les Smiths... Tout ça a pris un bon coup de vieux. Même si les années 1980 sont revenues aussi vite que les slim - au galop ! -, dans les bacs, les vieux riffs ont abdiqué. Liftés et enfin orchestrés, ils revivent sous d'autres couleurs. Lenny Kravitz, serial burglar des années 1990, peut aller se rhabiller. Les "jeunes" d'aujourd'hui ont du talent. Et de l'audace. Au point de plus savoir où mettre la tête. Ça tire effectivement dans tous les coins. Les modes s'effacent les unes après les autres. Qui se souvient des Franz Ferdinand, balayés par des Arctic Monkeys ou des Kaiser Chiefs, moins élégants certes, mais plus bouillonnants, plus offensifs, plus rebelles ? Il suffisait pour ces derniers de comprendre les années 2000, le besoin sournois - pas kitsch ! - des trentenaires en revival et d'empocher la mise. Du coup, les fleurs poussent aux quatre coins de la toile, les styles se croisent et permettent à des Herman Dune, des Grand National, des National d'exister.  A Hubert-Félix T. de sortir son Scandale Mélancolique sans honte - "...de la folie des ombres à l'alchimie des heures, on se perd dans le nombre infini des rumeurs..." - et à Katerine de chanter, précurseur, Parlez-vous anglais Mr Katerine ?.  Quelle belle époque ! Sublime.
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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 10:22
Unclesamwantyou.jpgC'est facile... Qui m'a dit qu'il ne fallait jamais tirer sur les ambulances ? Je ne sais plus. Mais bon, ma conscience n'en prendra pas ombrage, les US ne sont pas une ambulance. Ni des victimes d'ailleurs. Le 11 septembre 2001 ne peut tout excuser... Sinon que dire du 11 septembre 1973, celui où ils n'ont pas hésité à lancer Pinochet à l'assaut du "sale cabot socialo-marxiste" Allende. Que dire des rebelles financés aux quatre coins du monde pour déstabiliser tel ou tel gouvernement peu connu pour ses sympathies américaines.
Aller, arrêtons là la géopolitique à deux balles. Libération titre aujourd'hui : "Changement d'ère"... Un changement d'ère et une "bannière qui s'étiole" affirme-t-il répondant une nouvelle fois à la mode du TSUS. Rien de pervers, juste du "Tout sauf les US". C'est dans l'air du temps.... Même si ce n'est pas nouveau nouveau. Georges Clémenceau portait déjà le fer : "Les Etats-Unis sont le seul pays à être passé de la préhistoire à la décadence sans passer par le stade de la civilisation."
Pourtant combien de pays fascinent autant ? Combien par leurs paradoxes, leurs excès, leurs passions provoquent autant d'admiration que de rejet ? Alors oui, les US sont un pays égoïste, oui leurs valeurs enfoncées dans nos cervelles à grands coups de coca, pepsi, heinz, Gates nous révoltent. Toujours est-il qu'ils restent l'unique référence - positive comme négative - d'une société mondiale en attente de nouvelles idéologies... À croire que la décadence est devenue une manière d'être civilisé.
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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 18:13
... Mon élastique n'en sera que plus modeste, je ne remonterais jamais aussi loin que ce souvenir. "J'ai dans les bottes des montagnes de questions..."  Hiver 1988, parc Jehan-Ango, je leur avais promis de ne pas dépasser les 29 ans. Un âge mythique pour disparaître, pour rejoindre tous ceux que nous ne voulions pas perdre. Tous ceux partis trop jeunes, trop vieux, partis tout court. Eux deux, bien vivants, me regardaient, impressionnés, inquiets... Une imitation Burberrys autour du cou. Nous qui vivions nos plus belles années, devions programmer de ne pas leurs survivre. Il nous restait 13 ans à vivre, à peine plus que ce que nous avions déjà vécu... Pas simple ! Mais une chose était sûre : à regarder les autres, les aînés, rien ne valait l'effort de vivre une suite bien moins brillante, bien moins honnête, l'innocence, la passion, la foi en moins. Heureusement, c'était une blague... Quelques propos pour se sentir maîtres de soi, aimés, désirés et se réchauffer dans ce parc humide. "J'ai fait la saison dans cette boîte crânienne..." Depuis, les années ont en effet effacé l'époque des pactes sacrés, chacun de nous a continué sa route. Nous nous sommes croisés, avons emprunté parfois le même chemin. C'est tout : ni corde ni gaz ni falaises ni médocs. Aujourd'hui, 30, 31, 32, 33, 34, la folie (si ce n'est le courage) nous a manqué. Entre-temps, nous nous sommes assassinés (parce que c'est plus honorable qu'écrire "vendus") sur l'autel de la bêtise humaine, avons gagné nos galons de beaux salauds, perdus de vue nos idéaux (ceux pour lesquels nous écoutions en boucle "Sunday Bloody Sunday"), sacrifié nos lèvres roses à l'ensemble vert-pomme du profit, succombé à la largesse de nos "avenirs", oublié l'euphorie du vertige. Et tant mieux.
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